L'entrevue dans son intégralité |
- C'est joli...
- Confortable...
Roy Dupuis, bonsoir.
- Bonsoir.
Bienvenue dans le Tempo, d'abord.
- Ah oui...
On sait que tu es un citoyen vraiment engagé, les rivières, entre autres; qu'est-ce qui t'anime, qu'est-ce qui anime ton action? Est-ce que c'est la colère, ou c'est la fierté d'un pays à défendre; qu'est-ce qui t'anime?
- Je pense... c'est plus le fait qu'on a encore des espaces vierges au Québec qui sont pour moi de plus en plus précieux.
Il y a des gens, quand ils entendent - et beaucoup en région -, quand ils entendent ce discours-là, ils se disent "on sait bien que c'est une gang d'artistes, de rêveurs de la ville, qui ne comprennent pas notre réalité; notre réalité c'est que, ces magnifiques rivières, si on les harnache ou qu'on en fait différents projets, ça procure des jobs", qu'est-ce que tu réponds à ça, quand t'entends ça?
- Depuis, je pense qu'il y a eu des études qui sont là depuis 1991 et qui continuent de se... qui continuent d'être vraies, puis il y en a d'autres qui se rajoutent à ça, qui démontrent qu'une véritable politique d'économie d'énergie crée 4.5 fois plus d'emplois que n'importe quel projet de barrage hydroélectrique.
Si on voulait utiliser vraiment Hydro-Québec pour enrichir l'ensemble de la communauté québécoise, ben, on pourrait prendre le 8 milliards de dollars qu'on investit présentement en tant que société à construire ces 4 barrages-là, ces 4 centrales-là, ces 1500 mégawatts d'électricité en faisant de l'hydroélectricité, on pourrait les investir, par exemple, dans des chauffe-eau solaires; donc il y a beaucoup d'autres sources d'énergie finalement qui deviennent rentables à ce prix-là.
Est-ce que tu sens que tu es plus utile dans un lobby, donc dans une fondation comme la Fondation Rivières, qu'en politique pour porter des idées comme ça?
- C'est une question que je commence à me poser...
Ah, c'est vrai?
- Oui, ça m'est passé par l'esprit parce que, bon, c'est un peu ça aujourd'hui le problème, parce que il est là le problème. Je veux dire, d'après moi, je pense que...
Oui, c'est politique...
- ... que la population au grand complet va commencer à perdre ses illusions face à nos dirigeants, mmmm... Mais je suis pas fait pour ça.
C'est très drôle, t'as vraiment joué beaucoup de héros nationaux... Est-ce que c'est lourd d'incarner des personnages comme ça?
- Maurice, moi personnellement, j'ai pas trouvé ça lourd, parce que, bon, je l'ai rencontré, et donc c'est quelqu'un que j'ai compris facilement, qui avait quelque chose qui ressemblait beaucoup à mon père, moi aussi. Le général Dallaire, bon, ça c'est complètement autre chose, c'est... Oui, ça a été lourd à porter, mais pas juste parce que c'est le général Dallaire, pour l'histoire que j'avais à raconter aussi.
Un rôle satisfaisant, un rôle marquant pour toi, peu importe le succès que ça va avoir, c'est quoi? Faut que ça t'amène quelque part, faut que ça te laisse quelque chose?
- Idéalement, je veux être surpris... par le scénario au départ. Je veux que ça m'amène à un endroit où je ne m'attends pas à aller, où ça m'apporte une autre vision de la réalité dans le fond.
Est-ce que tu es plus Roy ou plus Dupuis?
- Je sais pas, j'étais un peu... c'est-à-dire, j'étais un peu les deux, par... De la façon dont je m'explique ça moi, pour moi Dupuis c'est plus officiel, c'est... il y a quelque chose de... ça je l'utilise beaucoup, parce que j'ai tendance... et bien j'ai besoin de...
D'une distance...
- D'une distance avec les gens que je connais moins, que je ne connais pas... Mais je suis aussi très Roy, chez nous.
Est-ce que la célébrité c'est quelque chose de vivable duquel tu t'accomodes, ou par moments t'aimerais vraiment retrouver un certain anonymat?
- J'apprends à dealer avec... C'est sûr que, bon, c'est pas tout parfait, ça a ses avantages comme ça a ses désavantages...
Parce que tu ne peux même pas aller à l'étranger et puis te dire ailleurs on ne me connaît pas...
- C'est pas arrivé justement... Comme le Costa Rica, on s'est dit, bon, on va aller là, on va se renseigner, voir si telle ou telle série avait passé là ou pas, puis en débarquant, je dois dire, la douanière m'a reconnu, donc...
Attends! C'est à ce point-là? Quand tu pars en vacances, tu te demandes si la télésérie Nikita est passée là... Oh mon Dieu!
- Bon, c'est sûr que je veux éviter les endroits où il y a beaucoup de Québécois qui vont; disons que je veux juste aller me reposer, puis, ce qui est pas mon genre dans le fond, je haïs ça... mais ça nous est arrivé dernièrement d'avoir choisi... on avait le goût de se payer deux semaines... Moi l'impression que ça me donne, c'est que je perds un peu de liberté, j'ai l'impression d'être sur un stage, puis de me faire observer, même s'ils ne viennent pas me déranger...
Alors quelle est la destination de rêve sur la planète où personne ne te connaît?
- L'Asie peut-être... malgré que, non, j'ai des fans au Japon... Mais c'est pas ça qui va m'empêcher de faire le tour du monde quand même si je veux le faire.
T'es quelqu'un de très groundy, de très calme - enfin c'est l'impression que tu dégages -, est-ce que t'es un énervé intérieur?
- De nature, j'étais... j'ai été sur le bord de l'enfer hyperactif... J'étais très actif, je bougeais beaucoup, j'aime bouger encore, mais moins, ça c'est l'âge... Oui, c'est ça, j'ai quand même toujours été assez physique; j'étais assez difficile à coucher. J'aimais pas ça, aller me coucher, et puis j'aime toujours pas ça. Un moment donné, il faut que je me le dise: va te coucher!
Le Québec a besoin de quoi, selon toi?
- De courage... De courage, de compassion. De compassion...
T'as peur de quoi?
- Peur de... Ben, ça c'est une demi peur, peur qu'on soit pas assez talentueux pour arriver à valoriser plus le partage que le gain. C'est sûr que, à travers ça, j'ai un peu peur d'être inutile, un peu aussi...
Tu te vois où dans 5 ans?
- Sur mon bateau, en train de faire le tour du monde.
Le fantasme de liberté?
- Non, de connaissance. Je veux faire le tour du monde, je veux rencontrer...
OK, c'est ça, c'est pas pour s'isoler, c'est vraiment pour aller au devant des gens, de...
- Oui, oui. Puis pour connaître aussi c'est quoi le milieu du Pacifique; pour moi c'est un endroit ça... pour... puis la voile, c'est quelque chose qui est vraiment venu me chercher, ça m'a vraiment apporté une nouvelle vision.
Une dernière: qu'est-ce que t'as à me confier avant de quitter le Tempo?
- Écoute.... Il m'est arrivé, en Corse, en voyage, en char, de m'acheter un disque de Joe Dassin. C'est pas mon genre d'habitude. À vrai dire, d'habitude, ça a jamais été mon genre: sauf là.
OK. Et laquelle que tu chantais à tue-tête sans arrêt?
- "Et si tu n'existais pas"... Elles sont toutes pas mal accrochantes là, mais ça a fait son effet. Puis c'est comme resté un peu ... Il m'arrive des fois chez nous maintenant: "Ah! Un p’tit côté de légerté, de... Un p’tit côté Joe.
Merci beaucoup Roy Dupuis.
- Ça m'a fait plaisir…